samedi 31 août 2013

MORT POUR NOTRE LIBERTÉ IL Y A 70 ANS 
Dans la nuit du 12 au 13 août 1943, l’aviateur canadien Donald Dufton était abattu au-dessus de notre ville. Le lieu du crash était situé à proximité du rond-point qui honorera la mémoire de ce si jeune homme dont le nom n'est même pas gravé sur l'une des tombes du cimetière où pourtant il repose. Le 13 août 2010, une plaque offerte par notre association avait été dévoilée devant les stèles de son équipage restées anonymes, cela en présence de ses frères James et Joseph, de leurs parents et amis, de nos anciens combattants ou résistants, de nos membres et de nos élus. Tous ensemble nous leur avions fait la promesse d'une autre inauguration pour le 70ᵉ anniversaire du crash. Le 13 août 2013, la promesse a été tenue. James et Joseph sont revenus à Verneuil, avec leur famille, pour baptiser officiellement le rond-point Donald Dufton qui marque le souvenir de son sacrifice.

Comme chaque année, le 13 août 2015 notre association a rendu hommage à l'aviateur canadien Donald Dufton et fleuri sa plaque. De gauche à droite : Aimée Pezot, l'adjointe au maire Nicole Boucher, Patrick Lecouturier et Michèle Thouin (photo J.P. Thouin).

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Paris Normandie du 19 août 2013. Cliquer sur l'article pour l'agrandir.

Le Réveil Normand du 21 août 2013. Cliquer sur l'article pour l'agrandir.
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La nuit fatale
Dans la nuit du 12 au 13 août 1943, le Bomber Command fait s’envoler une formidable armada en direction de la ville de Milan. La gare et l’usine Alfa Romeo (qui fabrique alors des moteurs d’avions) comptent parmi les principaux objectifs fixés.
Vers 20h30, 504 bombardiers de la RAF, dont 321 Lancaster et 183 Halifax, reçoivent l’ordre de prendre l’air à partir de nombreux terrains d’aviation. Parmi eux, le Halifax JD125 du 77th Squadron décolle lourdement de sa base anglaise d’Elvington, à 20h43, et rejoint la formation qui l’accompagnera jusqu’au-dessus de la cible désignée.
La traversée de la Manche se déroule sans problème, ainsi que le survol des côtes françaises. Afin de brouiller les radars allemands installés tout au long du littoral, les aviateurs lancent régulièrement de grandes quantités de « windows », des bandelettes de papier métallique (au lendemain de tels raids, les Français étaient surpris de découvrir de telles bandelettes éparpillées dans les campagnes). Néanmoins, la Lutfwaffe est très vite mise en alerte. Bien qu’ignorant la destination de ces vagues de bombardiers, le commandement du 1./JG2 basé à Beaumont-le-Roger et à Évreux ordonne de s’opposer coûte que coûte aux avions britanniques, même si les appareils requis sont des chasseurs non adaptés au vol de nuit. Les pilotes allemands décollent et se séparent pour mieux localiser l’adversaire.
Pilotes allemands du 2./JG2 sur le terrain de Tricqueville en mai 1943
Le drame de Verneuil-sur-Avre
Le jeudi 12 août 1943 a été une belle journée d’été pour les habitants de Verneuil-sur-Avre. Ils profitent encore de la fraîcheur du soir lorsqu’ils perçoivent, vers 23 heures, le sourd grondement qui signale le passage des bombardiers en route pour l’Italie.
Un témoin de l’époque, M. Jacques Derlon, se souvient que lorsque les derniers aéronefs ont survolé la tour de la Madeleine, il « entendit quelques claquements secs, suivis, dans le ciel, de l’apparition brutale d’une boule de feu. Il la vit descendre puis disparaître à la hauteur, lui semble-t-il, de la ferme Lambert, entre les routes de Damville et de Breteuil. La chasse allemande avait touché un Halifax qui s’était aussitôt enflammé » (cf. Bulletin municipal de Verneuil-sur-Avre de 2003, pp. 32-33, « Une page d’histoire vernolienne », par M. Jacques Demaire). En effet, ayant réussi à localiser la formation aérienne, le pilote allemand Detlef Grossfuss du 2./JG2 avait entamé une approche par l’arrière afin d’obtenir un effet de surprise. Une fois parvenu à portée de tir, il fit usage de ses mitrailleuses sur la meilleure cible qui se présentait alors dans sa ligne de mire. En fut victime le Halifax II JD125 Code « KN-A », piloté par l’officier Ernest Clinch du 77th Squadron.
Halifax identique à celui de Donald Dufton
Surpris par l’attaque, les sept membres de l’équipage n’eurent pas le temps d’évacuer la carlingue, laquelle explosa au bout de quelques secondes. Tous périrent. Le bombardier disloqué s’écrasa sur le territoire de la commune de Verneuil-sur-Avre, dans la plaine Saint-Denis, tout près de la ferme Lambert. Le pilote allemand revendiqua sa victoire à 23h17, à 3000 m d’altitude et à 1 km au nord/nord-ouest de Verneuil. Son appareil était un chasseur de jour de type Focke-Wulf 190.

FW-190 A-4 du 2./JG2 en mai 1943
Fort de ce premier succès, il voulut poursuivre son attaque mais fut repoussé par les mitrailleurs de bord des autres avions chargés d’assurer la défense de la formation. Après plusieurs tentatives, il réussit néanmoins à toucher mortellement un second Halifax, qu’il déclara avoir abattu vers Beaune à 23h27. Le Lt Detlef Grossfuss n’en resta pas là. Il s’illustra même, au cours des nuits suivantes, par trois autres interceptions réussies en Normandie : à Rugles le 15 août 1943, puis à Orbec et à Houlgate le 16 août 1943.
Le lendemain du crash de Verneuil, les Allemands interdirent l’accès aux débris du bombardier et firent enterrer les six corps retrouvés dans le cimetière communal de cette ville, où ils se trouvent encore.

QUI ÉTAIT DONALD DUFTON 
Donald William Dufton était né le 10 décembre 1922 à Toronto, dans la Province canadienne de l’Ontario. Inscrit à l’école publique de Humewood de 1928 à 1937, il entreprit des études commerciales au collège de Vaughan Road (Toronto) de 1937 à 1940.
Printemps 1942, près de la maison familiale aux environs de Toronto. 
De gauche à droite : Ruth, Donald, Joseph (père), Elisabeth,
le petit James (devant Elisabeth), Warren et Joseph Dufton (fils).
Célibataire, il s’engagea le 26 juillet 1941 dans la Royal Canadian Air Force (RCAF). Anglophone, il parlait peu le français.
Donald en uniforme derrière la maison familiale
(il ne portait pas encore l’insigne de sergent).
       Il débuta son entraînement le 31 août 1941. En février 1942 il obtint ses « ailes », puis compléta sa formation en Angleterre jusqu’en avril 1943.
Donald Dufton lors de l’obtention de ses « ailes » en 1942


Diverses photos prises en Angleterre (1942-1943)

Il intégra ensuite le 77th Squadron de la RAF, basé à Elvington, dans le nord-est de l’Angleterre.
Après le drame qui lui coûta la vie durant la nuit du 12 au 13 août 1943, un télégramme fut envoyé à sa mère Elizabeth Georgina, le 14 août, pour l’informer que son fils était porté disparu.
« Nous avons le regret de vous informer que votre fils
matricule R/119305 Sergent Donald William Dufton
est porté disparu après une opération à l’étranger, le 13 août. »
Plus tard, le 17 mars 1947, une autre lettre fut adressée à Mme Dufton pour lui préciser que les services de recherche et d’enquête avaient entre-temps déterminé le lieu de l’accident, dans un hameau connu sous le nom de Saint-Denis et situé à 1 km au nord-est de Verneuil-sur-Avre. L’officier de la RCAF ajoutait que le corps de son fils était enterré dans le cimetière communal et qu’il serait prochainement exhumé pour procéder à son identification. Mais une seconde lettre datée du 22 avril 1947 indiqua à Mme Dufton que seuls trois des sept aviateurs avaient pu être identifiés (les sergents Griffiths, Gray et Bacon) et que des stèles anonymes allaient être érigées afin d’honorer les autres, dont Donald.
C'est ainsi que les tombes des emplacements n°10, 11 et 13 du cimetière de Verneuil-sur-Avre contiennent chacune un corps non reconnu formellement. Les stèles qui les surmontent portent donc l’inscription suivante : An airman of 1939-1945. Known unto God (traduction : « Un aviateur de 1939-1945. Connu de Dieu »). Officiellement, la dépouille du septième aviateur n’a pas été récupérée. On s’explique mal pourquoi il s’agirait forcément de celle de Donald Dufton, étant donné que trois autres corps n’ont pas pu être identifiés non plus. Il n’en reste pas moins que, par défaut, son nom fut gravé sur le mur des aviateurs portés disparus du Runnymede Memorial, lequel est situé à 32 km à l’ouest de Londres (avec à la clé une erreur dun mois sur la date de son décès…). Dailleurs, sachant bien ce quil en est, son frère Joseph Henry est venu se recueillir à Verneuil-sur-Avre en 1958, puis sa mère Elizabeth Georgina dans les années soixante, et sa sœur Ruth Marguerite dans les années quatre-vingt. Mais encore, le 22 août 1993, une émouvante cérémonie s’est déroulée en présence du général Colin Adams, attaché militaire de l’ambassade du Royaume-Uni à Paris, et de Sir John Gray, ambassadeur du Royaume-Uni à Bruxelles : son propre père était l’un des coéquipiers de Donald Dufton.

13 août 2010 : dévoilement et inauguration de la plaque honorant la mémoire de Donald Dufton au cimetière de Verneuil devant les tombes de ses coéquipiers.  À gauche, tenant le drapeau canadien, ses frères MM. Joseph et James Dufton suivis de leurs épouses. À droite, ceints de leurs écharpes tricolores, Mme Olga Fontaine (représentant la mairie) et M. le député de l'Eure Guy Lefrand.  Au premier plan, Fabien Perucca dépose une gerbe au nom d'Adbstar-France.

Le vendredi 13 août 2010
(photos d'Anne Belzeaux et Jean-Claude Demouy)
À 16h30, à la Mairie, nos anciens combattants ont répondu présent
MM. Joseph et James Dufton, les propres frères de l'aviateur abattu en 1943
Grâce aux Compagnons d'Irène, Mmes et MM. Dufton partent en Jeep...
pour le cimetière, où la plaque est dévoilée devant M. le député Guy Lefrand
La famille Dufton et leurs amis se recueillent
À la Mairie, Sylvain, Pierre, les Dufton et une partie de nos élus
Échange de discours. Micheline Saint-Arnaud Bruskiewich fait l'interprète
Du 11 au 13 août 2013
(photos de Jean-Pierre Thouin)
Dimanche 11 août 2013, 14 h 03. Wanda, Rita, Susan et James Dufton arrivent à la gare.
De gauche à droite : Wanda, René Dupuis, Michèle Thouin, Nicole Boucher, Fabien Perucca, Olga Fontaine, Rita, James et Susan Dufton.
Mardi 13 août 2013, 11 heures, au cimetière. Après la minute de silence, Joseph Dufton (à gauche de James Dufton tenant son chapeau sur le cœur) s'apprête à déposer une couronne de fleurs devant la plaque de leur frère Donald.
Joseph et James Dufton derrière la plaque de leur frère Donald et devant les tombes de ses coéquipiers.
Mardi 13 août 2013, 11 h 45, tout le monde se réunit devant le rond-point Donald Dufton.
Olga Fontaine, représentant la mairie, prononce un émouvant discours traduit par Wanda.
Joseph et James Dufton dévoilent la plaque du rond-point.
De gauche à droite : Joan et Joseph Dufton, James et Susan Dufton. Au second plan, Gregory Dufton, fils de Joan et Joseph.
De gauche à droite, les onze membres de la famille Dufton venus du Canada, de Grande-Bretagne et de Nouvelle-Zélande : Wanda, Evelyn, Deborah, Joan, Gregory, Joseph, James, Susan, Rita, Edith et George, juste avant de partir à l'hôtel de ville pour boire le verre de l'amitié offert par la mairie.

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